Quel avenir pour le dialogue social en Belgique ?

Malgré certaines avancées, de nombreux défis subsistent. Dans les PME, le syndicalisme structuré s’essouffle. Les échanges passent souvent par les permanents syndicaux, faute de candidats en interne. Le télétravail, désormais bien installé, affaiblit aussi les interactions informelles essentielles à la vie sociale en entreprise. Enfin, les jeunes générations restent peu mobilisées, ce qui interroge sur la capacité des syndicats à renouveler leur base.

Parallèlement, les transformations technologiques bousculent les repères. L’intelligence artificielle soulève des inquiétudes sur l’emploi. Mais pour Amandine Denis-Deruel, il ne s’agit pas d’opposer l’humain à la machine, mais bien de transformer les métiers :

« Certains métiers tels qu’ils existent aujourd’hui vont être amenés à évoluer, mais en parallèle à un up-skilling et à des reconversions vers des tâches plus porteuses de sens pour l’humain. »

Ces mutations appellent à réinventer les cadres du dialogue social, en misant sur l’intelligence collective, la formation, et une meilleure écoute des signaux faibles.

Un consensus fort émerge parmi les experts : les managers sont insuffisamment préparés au dialogue social. Trop souvent, ils découvrent les rouages de la concertation “sur le tas”, sans accompagnement structuré.

Pour Amandine Denis-Deruel, il est urgent d’agir : « Le tout premier conseil serait d’impliquer et de former beaucoup plus les managers. Ils sont moins formés que les représentants du personnel, alors qu’ils sont souvent en première ligne. »

Aligner les temps de formation entre les deux parties favoriserait une meilleure compréhension mutuelle et éviterait des “irritants sociaux” qui polluent les relations internes. Il s’agit d’un investissement stratégique pour renforcer la culture du dialogue au sein des organisations.

Au-delà des tensions et des réformes à venir, certains sujets ouvrent la voie à un dialogue plus constructif, orienté vers l’avenir. La transparence des rémunérations, exigée par les nouvelles directives européennes, en fait partie. De nombreuses entreprises choisissent d’anticiper cette évolution pour en faire un levier de différenciation et d’engagement.

D’autres thématiques, comme la mobilité, la fidélisation des talents ou le bien-être au travail, suscitent un réel intérêt. Elles permettent d’instaurer un climat de confiance entre employeurs et représentants du personnel. Ces sujets, moins clivants, sont souvent propices à la co-construction.

Le dialogue social en Belgique connaît une période de mutation. Bien que les équilibres issus des élections de 2024 soient restés stables, les pratiques évoluent progressivement. On assiste à une montée des approches collaboratives, à l’émergence de nouvelles thématiques structurantes, et à un besoin croissant de professionnalisation des acteurs.

Pour les entreprises, c’est l’opportunité de repenser la concertation comme un levier de transformation. En misant sur la formation, la transparence et l’écoute, elles peuvent construire des relations sociales plus matures, connectées aux enjeux de leur temps : attractivité, innovation, durabilité.

Chez Alixio Benelux, nous sommes convaincus que le dialogue social peut devenir un puissant moteur d’engagement collectif, à condition d’être outillé, incarné et adapté aux réalités du terrain.